Dans le cadre du budget 2026, le gouvernement français a annoncé la suppression de l’Aide personnalisée au logement (APL) pour les étudiants étrangers non-boursiers. Cette décision, qui affecte plusieurs milliers d’étudiants, suscite des débats sur ses implications économiques et sociales, notamment en ce qui concerne l’accessibilité au logement pour ces jeunes étrangers. Cette réforme, attendue pour la rentrée universitaire 2026, marque une étape importante dans la politique sociale du gouvernement, et pourrait avoir un impact majeur sur la vie de nombreux étudiants étrangers en France.

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Contexte de la suppression de l’APL pour les étudiants étrangers non-boursiers
Le 16 octobre 2025, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2026, le gouvernement français a détaillé une mesure qui suscite d’ores et déjà une vive controverse : la suppression de l’Aide personnalisée au logement (APL) pour les étudiants étrangers non-boursiers. Jusqu’à présent, l’APL était une aide essentielle pour des milliers d’étudiants étrangers, leur permettant de financer une partie de leur logement tout en poursuivant leurs études en France. Cette aide, qui varie en fonction des revenus et du loyer des étudiants, est largement utilisée par ceux qui viennent de pays en dehors de l’Union Européenne, et qui sont souvent confrontés à des frais de scolarité élevés ainsi qu’à un coût de la vie significatif.
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de réaliser des économies budgétaires, dans un contexte où les finances publiques sont sous pression. Selon les premières estimations, la suppression de cette aide permettrait de réaliser plusieurs centaines de millions d’euros d’économies chaque année. L’APL, qui représente une part importante des aides sociales en France, est ainsi un levier que l’État utilise pour réduire les dépenses publiques tout en réorientant l’aide vers les étudiants les plus vulnérables, principalement les étudiants français et ceux qui bénéficient de bourses.
Réactions des étudiants et des associations
La suppression de l’APL pour les étudiants étrangers non-boursiers n’a pas tardé à déclencher une vague de réactions, principalement de la part des syndicats étudiants, des associations de solidarité et de certains partis politiques. Ces derniers ont dénoncé une mesure qui, selon eux, mettra en péril l’accès à l’enseignement supérieur pour de nombreux étudiants étrangers, déjà confrontés à des difficultés financières.
Élise Durand, porte-parole de l’association “Solidarité Étudiants”, a exprimé sa préoccupation, soulignant que la décision risquait d’aggraver la précarité des étudiants étrangers. « Cette réforme va creuser encore plus les inégalités entre les étudiants français et étrangers. Les étudiants non-boursiers seront contraints de choisir entre leurs études et leur logement. Cela pourrait entraîner une baisse de la fréquentation des universités françaises par des jeunes venant de pays non européens, qui sont déjà nombreux à lutter pour subvenir à leurs besoins », a-t-elle expliqué.
D’autres voix ont fait valoir que cette suppression pourrait mener à une augmentation des tensions sur le marché du logement étudiant, notamment dans les grandes villes universitaires comme Paris, Lyon ou Marseille. Les loyers dans ces villes étant déjà très élevés, de nombreux étudiants étrangers risquent de se retrouver dans une situation de précarité extrême, n’ayant d’autre choix que de chercher des solutions de logement moins chères, mais aussi moins sécurisées.
Les raisons avancées par le gouvernement
Le gouvernement justifie cette réforme en soulignant la nécessité de maîtriser les finances publiques. Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, a expliqué que cette suppression s’inscrivait dans une série de réformes destinées à réorienter les aides sociales vers les étudiants les plus vulnérables. Selon lui, la priorité devrait être donnée aux étudiants français et européens, ainsi qu’à ceux bénéficiant de bourses, qui sont généralement dans une situation plus précaire.
En outre, le gouvernement affirme que l’APL représente une dépense importante pour les finances publiques, et qu’il est nécessaire de rationaliser ces dépenses pour assurer la pérennité du système social français. En supprimant cette aide pour les étudiants étrangers non-boursiers, l’État espère économiser des fonds tout en continuant à soutenir les étudiants dans le besoin, via des dispositifs comme les bourses sur critères sociaux ou les Aides personnalisées à l’internat (API).
Gabriel Attal a ajouté que l’objectif est de réorienter l’argent vers les dispositifs d’aides qui permettent de mieux répondre aux besoins des étudiants en difficulté. Cette décision fait également partie d’un ensemble de mesures visant à contenir les dépenses publiques et à éviter de nouvelles hausses d’impôts.
Les conséquences économiques et sociales
La suppression de l’APL pour les étudiants étrangers non-boursiers pourrait avoir des conséquences économiques et sociales considérables. La question du logement étudiant, déjà un enjeu majeur en France, deviendrait encore plus compliquée à gérer pour ces étudiants étrangers, qui se trouvent souvent dans des situations de précarité financière.
En 2024, l’Observatoire de la Vie Étudiante (OVE) rapportait que près de 40% des étudiants étrangers en France étaient en difficulté pour se loger. Cette suppression de l’APL risquerait d’aggraver cette situation, car de nombreux étudiants non-boursiers devraient se tourner vers des alternatives plus coûteuses et moins sécurisées, comme la colocation ou les locations privées. Si la réforme était mise en œuvre, il est possible que de nombreux étudiants choisissent de quitter la France pour poursuivre leurs études ailleurs, notamment dans des pays où les aides au logement sont plus accessibles.
Un rapport du Centre d’Études et de Recherche sur l’Économie (CEREC) a averti que la décision pourrait également conduire à une diminution du nombre d’étudiants étrangers en France. Le pays, qui reste l’une des premières destinations au monde pour les étudiants internationaux, pourrait perdre de son attrait, notamment pour les étudiants non-boursiers originaires de pays en développement. Ces étudiants, qui contribuent également à l’économie française en termes de consommation et d’emplois, pourraient se voir contraints de réévaluer leur choix d’études en France face à un environnement économique plus difficile.
Le contexte européen et les précédentes mesures
La France n’est pas le seul pays européen à revoir ses aides sociales pour les étudiants étrangers. Le Royaume-Uni a, ces dernières années, mis en place des restrictions sur l’accès aux aides sociales pour les étudiants internationaux. D’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont également ajusté leurs politiques pour limiter les avantages accordés aux étudiants étrangers, notamment en matière de logement.
Cependant, malgré ces précédentes réformes dans d’autres pays, la France reste un lieu de choix pour de nombreux étudiants étrangers. Le système d’enseignement supérieur français est reconnu pour sa qualité et son coût relativement bas comparé à d’autres pays anglophones, ce qui fait de la France une destination très prisée par les étudiants internationaux. La suppression de l’APL pourrait cependant remettre en cause cette attractivité et contraindre certains étudiants à se tourner vers d’autres destinations.
Les alternatives et solutions possibles
Face à cette réforme, de nombreuses voix s’élèvent pour proposer des solutions alternatives qui permettraient de concilier réduction des dépenses publiques et soutien aux étudiants étrangers non-boursiers. L’une des suggestions les plus fréquemment évoquées est l’augmentation du nombre de bourses d’études spécifiquement destinées aux étudiants internationaux. D’autres préconisent une révision des critères d’éligibilité à l’APL, afin de permettre à un plus grand nombre d’étudiants non-boursiers de bénéficier d’une aide au logement.
Les représentants des universités françaises, quant à eux, suggèrent que des partenariats publics-privés soient mis en place pour offrir des logements étudiants à des prix plus abordables, notamment dans les grandes villes où la demande est la plus forte.
Perspectives et débats à venir
La suppression de l’APL pour les étudiants étrangers non-boursiers continue de faire l’objet de débats animés, aussi bien au sein du gouvernement que dans les cercles académiques et syndicaux. Bien que la réforme soit déjà inscrite dans le projet de loi de finances pour 2026, des ajustements ou des amendements pourraient encore être apportés dans les mois à venir, à mesure que les débats parlementaires se poursuivent.
Les étudiants, les associations et les partis politiques de gauche continueront probablement à mobiliser l’opinion publique contre cette réforme, qui pourrait avoir un impact durable sur la perception de la France comme destination d’études. Les autorités devront également faire face à la pression croissante de garantir une égalité d’accès à l’enseignement supérieur pour tous les étudiants, quel que soit leur pays d’origine ou leur situation financière.

















