Le Programme Supervisé par le FMI (SMP) et son impact sur la politique économique

Le Programme Supervisé par le FMI (SMP) est un dispositif de surveillance visant à renforcer la crédibilité économique des pays sans financement direct. Il influence profondément la politique économique, entre discipline budgétaire, réformes structurelles et tensions sociales.

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Le Programme Supervisé par le Fonds monétaire international (SMP) est un instrument de surveillance destiné aux pays confrontés à de graves déséquilibres économiques. Il consiste en un suivi strict des politiques budgétaires, monétaires et structurelles, sans apport financier direct. Pour les gouvernements, il représente un signal fort de crédibilité, mais il soulève aussi des interrogations sur la souveraineté économique et les coûts sociaux associés aux réformes.

Le Programme Supervisé par le FMI (SMP) s’impose comme un instrument central pour rétablir la confiance économique dans des contextes fragiles. En combinant discipline budgétaire, réformes structurelles et surveillance rapprochée, il ouvre la voie à des financements plus importants. Mais son efficacité dépend de l’équilibre trouvé entre rigueur et équité sociale.

Le Programme Supervisé par le FMI
Le Programme Supervisé par le FMI

Comme l’a résumé un haut responsable du FMI lors d’une conférence africaine : « Un SMP bien exécuté peut transformer la perception d’un pays sur les marchés. Mal géré, il risque de devenir un fardeau politique et social.

Qu’est-ce qu’un Programme Supervisé par le FMI ?

Un SMP, ou Staff-Monitored Program, est un dispositif par lequel un État s’engage à appliquer un ensemble de mesures économiques définies conjointement avec le FMI. Contrairement aux accords de prêt traditionnels, il ne prévoit ni décaissement ni conditionnalité financière immédiate. Son rôle principal est de servir de « période probatoire » et de démontrer la capacité d’un pays à mener des réformes sérieuses.

Selon le FMI, « le succès d’un SMP peut ouvrir la voie à un accord financé, mais son échec compromet gravement la crédibilité d’un gouvernement ». En ce sens, il s’agit d’un mécanisme hybride : contraignant politiquement, mais sans soutien budgétaire immédiat.

Objectifs principaux du SMP

Restaurer la confiance des partenaires financiers

Le premier objectif est de convaincre les bailleurs de fonds, les créanciers et les investisseurs étrangers de la solidité de la trajectoire économique. Un pays qui respecte ses engagements sous SMP peut plus facilement accéder à des financements concessionnels ou négocier la restructuration de sa dette.

Préparer un futur programme financé

Dans la majorité des cas, un SMP constitue une étape préparatoire vers un accord plus ambitieux, comme un Mécanisme élargi de crédit (MEC). Il fonctionne comme un examen de passage, testant la discipline économique du pays.

Stabiliser les fondamentaux macroéconomiques

Le SMP fixe des objectifs quantifiables : réduction du déficit, maîtrise de l’inflation, amélioration des réserves de change et transparence budgétaire. Ces critères permettent d’évaluer de manière claire les progrès réalisés.

Impact direct sur la politique économique

Ajustements budgétaires

L’une des conséquences les plus marquantes des SMP est l’adoption de politiques budgétaires strictes. Cela implique souvent la réduction des dépenses publiques, la suppression progressive des subventions énergétiques ou alimentaires et l’élargissement de la base fiscale.

Au Ghana, par exemple, le SMP conclu en 2019 a imposé une réduction du déficit budgétaire, accompagnée de mesures visant à accroître les recettes fiscales. Selon le ministère ghanéen des Finances, ces réformes ont permis une amélioration du solde primaire de 1,8 % du PIB en un an.

Réformes structurelles

Les SMP ne se limitent pas aux finances publiques. Ils visent aussi à moderniser les administrations fiscales, renforcer la gouvernance des entreprises publiques et améliorer la transparence. Dans plusieurs pays africains, le FMI a insisté sur la réforme des compagnies d’électricité ou des entreprises pétrolières nationales, souvent déficitaires et sources de dettes massives.

Politique monétaire et financière

Certains SMP fixent aussi des objectifs pour les banques centrales, notamment le contrôle de l’inflation et la gestion des réserves en devises. Au Pakistan, le SMP de 2019 a exigé une plus grande indépendance de la banque centrale et la fin des financements monétaires directs au gouvernement.

Études de cas : pays sous SMP

Ghana : restaurer la confiance

En 2019, le Ghana a adopté un SMP pour préparer un programme financé ultérieur. Les réformes ont porté sur le déficit, la dette publique et la gestion de la masse salariale de l’État. Si les résultats macroéconomiques ont été salués par le FMI, la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires a provoqué des tensions sociales.

République du Congo : discipline budgétaire et transparence pétrolière

Après la crise de la dette en 2017, la République du Congo a conclu un SMP pour rétablir la discipline budgétaire et renforcer la transparence dans le secteur pétrolier. Le FMI a insisté sur la publication régulière des contrats pétroliers, afin de lutter contre la corruption. Ces mesures ont amélioré les indicateurs financiers, mais les coupes budgétaires ont affecté les programmes sociaux.

Soudan du Sud : stabilisation fragile

Sortant d’années de conflit, le Soudan du Sud a adopté un SMP en 2021. Le programme visait principalement à renforcer la transparence des revenus pétroliers et à introduire une discipline monétaire. Bien que des progrès aient été enregistrés, l’instabilité politique et les pressions sociales ont limité l’impact du programme.

Pakistan : vers un accord financé

Le Pakistan a conclu plusieurs SMP au cours de la dernière décennie pour restaurer la confiance avant des accords de financement plus larges. En 2019, le programme a exigé des réformes fiscales profondes et une réduction des subventions. Le FMI a ensuite approuvé un accord de 6 milliards de dollars, soulignant l’efficacité du SMP comme tremplin.

Conséquences sociales et politiques

Coûts pour la population

La rigueur imposée par les SMP peut entraîner une hausse du coût de la vie. Les réductions de subventions sur le carburant et l’électricité pèsent lourdement sur les ménages à faibles revenus. Dans plusieurs pays, ces mesures ont provoqué des manifestations et accentué les tensions sociales.

Débat sur la souveraineté

Certains critiques estiment que les SMP limitent la marge de manœuvre des gouvernements, en imposant des politiques uniformisées dictées depuis Washington. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, avertit que « l’austérité imposée à des économies fragiles risque de compromettre la reprise et d’accroître les inégalités ».

Risque d’instabilité politique

Dans des pays en transition ou en crise, l’application stricte d’un SMP peut affaiblir la légitimité des autorités. L’opinion publique perçoit souvent ces programmes comme des diktats extérieurs, réduisant l’adhésion populaire aux réformes.

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Perspectives et critiques

Avantages reconnus

Malgré les critiques, le FMI souligne que les pays respectant un SMP voient généralement une amélioration rapide de leur notation de crédit et bénéficient d’un regain de confiance des investisseurs. Selon une étude interne, 70 % des pays ayant achevé avec succès un SMP ont ensuite obtenu un accord de financement.

Limites structurelles

Les critiques insistent toutefois sur la rigidité de certains critères. Dans des économies très vulnérables, la priorité donnée à la réduction du déficit peut freiner l’investissement public et aggraver la pauvreté. Plusieurs experts plaident pour une plus grande flexibilité, intégrant des indicateurs sociaux dans l’évaluation des programmes.

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