Haïti, confronté à une dépendance chronique aux importations pétrolières, cherche des solutions durables pour sécuriser son approvisionnement énergétique. L’avenir de l’énergie en Haïti attire désormais l’attention d’investisseurs internationaux, stimulés par un potentiel renouvelable considérable mais freiné par des défis structurels et politiques.
Un pays en quête d’autonomie énergétique
Selon la Banque mondiale, près de 60 % de la population haïtienne n’a pas accès à l’électricité. Ceux qui y accèdent subissent des coupures fréquentes et un coût parmi les plus élevés de la région. Le système repose encore sur des générateurs au fioul importé, rendant le pays vulnérable aux fluctuations du marché international.
Des responsables du ministère des Travaux publics, Transport et Communications (MTPTC) estiment que l’indépendance énergétique passera par une diversification des sources, avec une priorité donnée au solaire, à l’éolien et à l’hydroélectrique.
Un potentiel renouvelable largement inexploité
Le solaire, première alternative
Avec plus de 250 jours d’ensoleillement par an, Haïti possède un gisement solaire considérable. Plusieurs projets pilotes, financés par l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et la Banque interaméricaine de développement (BID), ont démontré la viabilité technique et économique du photovoltaïque.
Hydroélectricité et éolien
Les fleuves haïtiens offrent également des opportunités pour la petite hydroélectricité, bien que les infrastructures nécessitent des investissements lourds. Le littoral, exposé aux alizés, présente un potentiel éolien notable, mais encore très peu étudié à grande échelle.
Un marché prometteur mais risqué
Obstacles à l’investissement
L’instabilité politique et institutionnelle demeure le principal frein. À cela s’ajoutent la faiblesse du cadre réglementaire, l’insuffisance des réseaux de transport et distribution, ainsi que la difficulté d’accès au crédit pour les entreprises locales.
Jean-Louis Racine, expert en énergie à la Banque mondiale, souligne : « Le potentiel d’Haïti est réel, mais il faut créer un environnement de confiance pour attirer les investisseurs. Cela passe par des réformes réglementaires et des garanties de financement. »
Initiatives en cours
Malgré ces défis, des projets émergent. En 2022, l’entreprise haïtienne Sigora a lancé un micro-réseau solaire dans le Nord-Ouest, desservant plus de 25 000 habitants. Des partenariats public-privé commencent également à se structurer, notamment avec l’appui de la France et de l’Union européenne.
Un enjeu stratégique régional
L’intégration d’Haïti dans le marché énergétique caribéen pourrait renforcer sa sécurité énergétique. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) promeut déjà des échanges d’expertise et de technologies renouvelables. Pour Port-au-Prince, l’enjeu est double : répondre aux besoins immédiats des ménages et renforcer sa résilience face aux catastrophes naturelles, qui fragilisent régulièrement les infrastructures.
Perspectives d’avenir
Les observateurs s’accordent : l’énergie renouvelable représente pour Haïti une voie incontournable vers un développement durable et inclusif. Mais la réussite dépendra de la stabilité politique, d’un cadre réglementaire transparent et d’un engagement soutenu des bailleurs internationaux.
Comme le résume Marie-Josée Jean-Baptiste, chercheuse en politique énergétique : « L’avenir d’Haïti se joue dans sa capacité à transformer son immense potentiel naturel en bénéfice collectif. Les énergies renouvelables en sont la clé.
