
L’Allemagne a signé un contrat d’une valeur de 3,41 milliards d’euros avec l’entreprise Rheinmetall AG pour la production et la livraison de 222 véhicules blindés Schakal, dans le cadre d’un programme commun avec les Pays-Bas. Annoncé le 20 octobre 2025, ce projet stratégique vise à moderniser la Bundeswehr, les forces armées allemandes, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes en Europe.
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Char Schakal
| Fait principal | Détail |
|---|---|
| Valeur du contrat | 3,41 milliards d’euros |
| Nombre de véhicules commandés | 222 (150 pour l’Allemagne, 72 pour les Pays-Bas) |
| Fabricant principal | Rheinmetall AG |
| Type de véhicule | Schakal – blindé à roues, tourelle Puma |
| Livraison prévue | à partir de 2026 |
| Fonds spécial de défense allemand | 100 milliards d’euros (annoncé en 2022) |
Un véhicule au cœur de la modernisation militaire allemande
Le Schakal est un véhicule blindé de combat à roues de nouvelle génération. Conçu par Rheinmetall, il combine le châssis 8×8 du Boxer et la tourelle du Puma, offrant ainsi une puissance de feu élevée et une mobilité supérieure.
Selon Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, « cette commande est un pilier essentiel de notre stratégie de modernisation militaire et une réponse aux nouveaux défis sécuritaires ». Les premiers exemplaires seront livrés dès 2026, avec une montée en cadence progressive jusqu’en 2031.
Héritage historique : de la Guerre froide à l’ère Schakal
La modernisation de la flotte blindée allemande s’inscrit dans une longue tradition industrielle et militaire. Depuis le Leopard 2 dans les années 1970 jusqu’au Puma dans les années 2000, l’Allemagne a toujours cherché à combiner mobilité, protection et puissance de feu.
Après la fin de la Guerre froide, les investissements militaires avaient fortement ralenti. Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a marqué un tournant majeur. Berlin a alors annoncé un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser la Bundeswehr.
Le Schakal s’inscrit comme un successeur complémentaire au Puma, destiné à renforcer la mobilité et la rapidité de déploiement des forces.
Un programme multinational coordonné par l’OCCAR

Le contrat a été négocié sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR), une agence européenne spécialisée dans les programmes militaires communs. Les Pays-Bas recevront 72 véhicules, tandis que l’Allemagne en recevra 150, avec une option pour 248 unités supplémentaires.
Cette coopération transnationale permet de réduire les coûts de développement et d’acquisition, tout en renforçant l’interopérabilité des armées européennes.
« Le Schakal symbolise la capacité des Européens à coopérer sur des équipements de pointe », a déclaré un porte-parole de l’OCCAR.
Caractéristiques techniques et capacités opérationnelles
Le Schakal est conçu pour répondre aux standards OTAN les plus exigeants.
Principales caractéristiques :
- Châssis Boxer 8×8, grande mobilité sur terrain difficile.
- Tourelle Puma, canon de 30 mm, systèmes de détection et de visée avancés.
- Protection balistique et anti-mines renforcée.
- Capacité d’emport de 8 soldats en plus de l’équipage.
- Systèmes anti-drones et contre-mesures électroniques intégrés.
L’architecture modulaire permettra également d’adapter le véhicule à différentes missions : infanterie, reconnaissance, commandement ou appui-feu.
Selon Janes Defence Weekly, le Schakal « combine les avantages de la mobilité stratégique des véhicules à roues avec la puissance de feu d’un véhicule de combat d’infanterie chenillé ».

Comparaison internationale : Schakal face à ses concurrents
Pour évaluer la portée stratégique du programme, plusieurs experts ont comparé le Schakal à d’autres véhicules similaires :
| Véhicule | Pays d’origine | Poids (tonnes) | Armement principal | Mobilité | Entrée en service |
|---|---|---|---|---|---|
| Schakal | Allemagne | ~38 | Canon 30 mm | 8×8 | 2026 (prévu) |
| CV90 | Suède | 35–37 | Canon 30/35 mm | Chenillé | 1993 |
| VBCI | France | 29 | Canon 25 mm | 8×8 | 2008 |
| Stryker Dragoon | États-Unis | 20–25 | Canon 30 mm | 8×8 | 2017 |
« Le Schakal s’annonce comme l’un des véhicules blindés à roues les plus avancés technologiquement au monde », estime Dr. Hans Meier, analyste au German Council on Foreign Relations (DGAP).
Une commande à fort impact économique
Le contrat Schakal aura un impact économique significatif. Selon Rheinmetall, plusieurs milliers d’emplois seront créés ou maintenus dans ses usines en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et en Bavière, ainsi que chez ses fournisseurs.
L’entreprise prévoit aussi de renforcer ses chaînes logistiques en Europe, favorisant une plus grande autonomie industrielle face aux tensions géopolitiques.
« Ce programme ne profite pas uniquement à la défense, il soutient aussi notre base industrielle et technologique », a déclaré Armin Papperger, PDG de Rheinmetall.
Enjeux stratégiques et géopolitiques
Cette acquisition intervient alors que l’Allemagne s’efforce de jouer un rôle plus affirmé au sein de l’OTAN et de l’Union européenne. Les Schakal seront déployés notamment au sein des Forces de réaction rapide de l’Alliance, contribuant à renforcer la capacité de réponse en Europe de l’Est.
Le programme s’inscrit également dans les débats sur l’autonomie stratégique européenne, portée notamment par la France et l’Allemagne dans le cadre de la coopération structurée permanente (PESCO).
« Le Schakal est plus qu’un équipement : c’est un outil politique et stratégique », analyse Clara Voss, chercheuse à l’Institut allemand pour les affaires de sécurité et internationales (SWP).
Réactions politiques et publiques en Allemagne
Cette commande a suscité un large débat au Bundestag, le parlement allemand. Les partis de la coalition gouvernementale soutiennent la mesure, la qualifiant de « nécessaire et stratégique ».
L’opposition a en revanche exprimé des réserves sur le coût global du réarmement, estimé à plus de 100 milliards d’euros d’ici 2030.
« Il est légitime de renforcer la défense, mais il faut aussi garantir une utilisation rigoureuse des fonds publics », a déclaré un député de l’opposition chrétienne-démocrate.
Les sondages récents montrent qu’une majorité d’Allemands soutiennent l’augmentation des capacités militaires, même si les inquiétudes budgétaires persistent.
Vers une possible exportation du Schakal
Rheinmetall a confirmé que des discussions préliminaires sont en cours avec plusieurs pays européens intéressés par le Schakal, notamment en Europe du Nord et en Europe centrale.
L’entreprise envisage de proposer des versions adaptées aux besoins spécifiques de chaque client, avec des options de co-production locale.
« Nous voyons un potentiel d’exportation significatif », a indiqué Armin Papperger.
Intégration dans la stratégie de défense 2030
Le programme Schakal est une pièce maîtresse de la stratégie allemande « Bundeswehr 2030 », qui vise à rendre l’armée « opérationnelle, interopérable et résiliente ».
Outre le Schakal, cette stratégie comprend l’achat de chars Leopard modernisés, de chasseurs F-35, et de systèmes de défense antimissiles. L’objectif est de faire de l’Allemagne une force de dissuasion majeure au sein de l’OTAN.
Perspectives et prochaines étapes
Les livraisons du Schakal commenceront en 2026 et s’échelonneront jusqu’en 2031. Les véhicules seront d’abord affectés aux brigades mécanisées, puis progressivement intégrés à d’autres unités.
D’ici là, des essais opérationnels auront lieu sur plusieurs sites militaires allemands et néerlandais.
« Le Schakal renforcera notre capacité de projection et notre crédibilité au sein de l’OTAN », a affirmé Boris Pistorius.

















