Le dispositif Chèque Énergie, mis en place pour aider les ménages modestes à payer leurs factures d’énergie, fait aujourd’hui l’objet d’une recrudescence d’arnaques en France. De faux SMS, courriels, appels téléphoniques ou démarchages à domicile ciblent des bénéficiaires souvent vulnérables. Les autorités multiplient les alertes et appellent à la vigilance.

La multiplication des arnaques au Chèque Énergie démontre la capacité des escrocs à s’adapter aux dispositifs publics. Si l’État a renforcé la prévention, la vigilance des citoyens reste la meilleure protection. Le message clé est simple : aucune donnée personnelle ne doit être transmise en réponse à un message non sollicité.
Dans un contexte où le coût de l’énergie reste élevé, ces fraudes exploitent la détresse des ménages modestes. Les prochaines campagnes du Chèque Énergie seront donc un test crucial pour mesurer l’efficacité des actions de prévention et la résistance collective face à la fraude numérique.
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Qu’est-ce que le Chèque Énergie ?
Le Chèque Énergie est une aide financière versée chaque année par l’État pour soutenir les foyers aux revenus modestes. Il peut être utilisé pour payer les factures d’électricité, de gaz, de fioul, ou encore pour financer certains travaux de rénovation énergétique. Distribué automatiquement sans démarche de la part du bénéficiaire, son montant varie selon les revenus et la composition du foyer.
Ce dispositif, créé en 2018, remplace les anciens tarifs sociaux de l’énergie. Il vise à réduire la précarité énergétique, un phénomène qui touche plusieurs millions de ménages en France. En 2024, près de 5,8 millions de foyers en ont bénéficié.
Mais ce succès fait aussi du Chèque Énergie une cible idéale pour les escrocs, qui exploitent la notoriété du programme et la méconnaissance de certains bénéficiaires.
Une Recrudescence Inquiétante des Arnaques
Depuis le début de l’année 2025, les signalements d’arnaques liées au Chèque Énergie se multiplient. Les escrocs utilisent des méthodes variées : SMS frauduleux, appels surtaxés, courriels piégés ou encore visites à domicile. Tous visent le même objectif : récupérer des informations personnelles ou bancaires.
Les autorités notent une hausse marquée de ces fraudes lors des périodes de versement du chèque, quand les bénéficiaires s’attendent légitimement à recevoir une communication officielle. Cette coïncidence temporelle rend les arnaques particulièrement efficaces.
Dans certains cas, les victimes perdent plusieurs centaines d’euros ou voient leurs coordonnées bancaires utilisées à des fins malveillantes. Au-delà des pertes financières, ces fraudes fragilisent encore davantage la confiance des foyers modestes envers les dispositifs d’aide publique.
Comment les Escrocs Procèdent
1. Les faux SMS et e-mails
Les cybercriminels envoient des messages imitant les communications officielles du gouvernement. Le contenu semble crédible : logo de l’État, ton administratif, lien hypertexte menant vers un site frauduleux. Ces messages prétendent souvent qu’une action est nécessaire pour « activer » ou « recevoir » le chèque énergie.
Une fois le lien cliqué, la victime est redirigée vers une fausse page qui lui demande de saisir ses coordonnées bancaires ou personnelles. Ces données sont ensuite exploitées pour effectuer des prélèvements ou usurper son identité.
2. Les appels téléphoniques et numéros surtaxés
D’autres escrocs préfèrent le contact direct. Ils se présentent comme des agents du service public ou des fournisseurs d’énergie, affirmant vouloir « confirmer l’éligibilité » au chèque. Ils demandent alors de rappeler un numéro surtaxé ou de communiquer un RIB.
Ces appels sont souvent convaincants : le ton est professionnel, les interlocuteurs connaissent parfois les noms ou adresses des victimes, obtenus via des fuites de données ou des répertoires téléphoniques.
3. Le démarchage à domicile
Plus rare mais plus inquiétant, le démarchage à domicile consiste à se présenter comme un agent mandaté pour « remettre » le chèque ou « vérifier » les équipements énergétiques. Ces imposteurs visent surtout les personnes âgées ou isolées. Ils en profitent pour subtiliser des documents, voler de l’argent liquide ou récolter des informations personnelles.
Qui sont les Cibles ?
Les bénéficiaires du Chèque Énergie constituent une population particulièrement vulnérable. Il s’agit majoritairement de foyers à faibles revenus, souvent éloignés du numérique ou peu familiers avec les démarches administratives en ligne.

Les escrocs misent sur la confiance : un message au ton officiel suffit souvent à convaincre. L’absence de démarches à effectuer, pourtant l’un des atouts du dispositif, se retourne contre certains bénéficiaires : beaucoup pensent devoir confirmer ou activer leur chèque, alors que ce n’est jamais le cas.
La réponse des Autorités
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement a lancé plusieurs campagnes de prévention. Le ministère de l’Économie et des Finances rappelle que le service du Chèque Énergie ne contacte jamais les bénéficiaires pour demander des informations bancaires.
Le site officiel, chequeenergie.gouv.fr, est la seule plateforme légitime. Toute autre adresse, notamment celles finissant par des domaines non gouvernementaux (.com, .net, etc.), doit être considérée comme suspecte.
Un numéro vert gratuit a été mis en place : 0 805 204 805. Ce service permet de vérifier l’authenticité des messages reçus ou d’obtenir des informations fiables.
La police et la gendarmerie encouragent également les victimes à signaler les fraudes sur la plateforme officielle cybermalveillance.gouv.fr ou à transférer les SMS suspects au numéro 33700.
Conseils de Vigilance
Les autorités recommandent une attitude prudente face à toute communication relative au Chèque Énergie :
- Ne jamais cliquer sur un lien reçu par SMS ou par e-mail ;
- Ne jamais transmettre son RIB ou numéro de carte bancaire ;
- Ne pas rappeler les numéros surtaxés ;
- Vérifier systématiquement les adresses web avant toute action ;
- Se méfier des messages évoquant une « activation » ou un « retard » du chèque ;
- En cas de doute, consulter directement le site officiel ou appeler le numéro vert.
Les experts en cybersécurité rappellent que la meilleure défense reste la méfiance. Les administrations ne demandent jamais d’informations personnelles par message ou téléphone, sauf dans le cadre d’une démarche initiée par le citoyen.
Un Enjeu Social et Humain Majeur
Ces arnaques ont des conséquences bien plus graves qu’une simple perte financière. Elles renforcent le sentiment d’insécurité et de méfiance envers les institutions, particulièrement chez les publics les plus fragiles.
Pour certains foyers, le Chèque Énergie représente la seule aide disponible pour éviter les coupures d’électricité ou de gaz. Être victime d’une fraude dans ce contexte aggrave non seulement la précarité économique, mais aussi le sentiment d’isolement.
Les associations de défense des consommateurs soulignent que ces escroqueries pourraient freiner l’accès aux aides publiques. Certains bénéficiaires, par peur d’être trompés, hésitent désormais à utiliser leur chèque ou à contacter les services officiels.
Une Adaptation Nécessaire des Dispositifs Publics
Les fraudeurs perfectionnent sans cesse leurs méthodes. En imitant le style visuel des communications gouvernementales et en exploitant la naïveté numérique de certains citoyens, ils s’assurent une efficacité redoutable.
Pour y faire face, les autorités envisagent plusieurs pistes :
- renforcer les campagnes d’information sur la cybersécurité ;
- introduire des messages préventifs systématiques dans les courriers officiels ;
- améliorer la coordination entre services publics, fournisseurs d’énergie et associations ;
- encourager les banques à repérer plus rapidement les virements suspects liés à ces fraudes.
Certains experts suggèrent également d’utiliser la technologie blockchain pour rendre la distribution des aides plus traçable et infalsifiable. Toutefois, cette option soulève des questions de confidentialité et de coût.
Les Escroqueries, Reflet d’une Précarité Numérique Persistante
Au-delà du Chèque Énergie, ces fraudes illustrent un problème plus profond : la fracture numérique. De nombreux bénéficiaires n’ont pas l’habitude d’utiliser Internet pour leurs démarches administratives. Ils deviennent ainsi des cibles faciles pour les cybercriminels.
Les pouvoirs publics ont déjà mis en place des médiateurs numériques dans certaines communes, mais la couverture reste inégale. Les associations locales demandent un renforcement de ces dispositifs d’accompagnement, notamment dans les zones rurales.
Témoignages et Réalité du Terrain

Des bénéficiaires ont rapporté avoir reçu plusieurs messages en une seule semaine. Certains ont failli cliquer, d’autres ont perdu de l’argent. Une retraitée de la région lyonnaise confie :
« Le message semblait venir du gouvernement. Il y avait le logo de la République française. J’ai failli remplir le formulaire, mais mon fils m’a prévenue à temps. »
Ce type de témoignage se multiplie sur les forums et réseaux sociaux. Ils rappellent que la vigilance doit rester constante, même pour les personnes habituées aux arnaques en ligne.
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Vers une Mobilisation Collective
Les institutions publiques, les fournisseurs d’énergie et les associations appellent à une mobilisation collective. La prévention passe par la diffusion d’informations simples, claires et répétées.
Les médias jouent également un rôle essentiel : relayer les alertes, expliquer les modes opératoires et rappeler les gestes de prudence. Les plateformes numériques, de leur côté, doivent renforcer la détection des contenus frauduleux et supprimer rapidement les faux sites.

















