AMD (Advanced Micro Devices) et OpenAI ont officialisé, début octobre 2025, un partenariat d’envergure mondiale portant sur le déploiement progressif de 6 gigawatts de GPU AMD destinés à soutenir l’expansion rapide des infrastructures d’intelligence artificielle d’OpenAI.
Ce contrat, d’une ampleur inédite, vise à accroître les capacités de calcul nécessaires à l’entraînement et à l’exploitation des modèles de nouvelle génération. Le premier palier, équivalent à un gigawatt, sera opérationnel dès la seconde moitié de 2026. Les GPU utilisés proviendront de la série AMD Instinct MI450, spécialement conçue pour les environnements massivement parallèles et les charges de travail d’IA à grande échelle.
Une étape stratégique pour les deux entreprises
AMD consolide sa position dans l’écosystème de l’IA
Pour AMD, ce partenariat constitue un tournant stratégique. L’entreprise, longtemps perçue comme l’alternative de second rang face à Nvidia, franchit ici une étape majeure vers la consolidation de son influence sur le marché des processeurs d’intelligence artificielle.
En s’associant à OpenAI, pionnier mondial de la recherche en IA générative, AMD démontre sa capacité à produire des GPU capables de rivaliser avec les solutions de pointe de son concurrent direct. L’accord confirme également la confiance croissante des grands acteurs du numérique envers la gamme Instinct, déjà adoptée dans plusieurs centres de calcul à haute performance.
OpenAI diversifie ses sources d’approvisionnement
Côté OpenAI, l’enjeu est double. D’une part, il s’agit de réduire sa dépendance à Nvidia, dont les GPU dominent largement le marché de l’apprentissage automatique. D’autre part, l’entreprise fondée par Sam Altman cherche à sécuriser à long terme un approvisionnement massif en matériel de calcul, indispensable à la poursuite de sa croissance.
Les modèles linguistiques de nouvelle génération, les systèmes multimodaux et les services commerciaux tels que ChatGPT ou DALL-E nécessitent une puissance de calcul colossale. En multipliant ses partenaires technologiques, OpenAI se donne les moyens d’éviter les goulets d’étranglement et d’assurer la stabilité de son infrastructure mondiale.
L’ampleur du projet : que représentent 6 gigawatts de GPU ?
La puissance totale évoquée – 6 gigawatts – illustre l’échelle industrielle de ce projet. À titre de comparaison, un gigawatt équivaut à la capacité électrique d’un réacteur nucléaire moderne.
Transposée au domaine des GPU, cette puissance représente plusieurs centaines de milliers d’unités de calcul interconnectées, alimentant d’immenses centres de données. Ces infrastructures nécessiteront des avancées considérables en matière de refroidissement, de consommation énergétique et d’efficacité logicielle.
Le déploiement sera progressif, étalé sur plusieurs années, avec des paliers successifs jusqu’à atteindre la capacité totale. Ce modèle d’évolution permettra à OpenAI d’adapter sa stratégie d’entraînement et d’inférence à la croissance de la demande mondiale en services d’IA.
Un partenariat fondé sur la coopération technologique
Développement conjoint et co-conception
L’accord dépasse la simple fourniture de matériel. AMD et OpenAI collaboreront étroitement pour concevoir et optimiser les futures générations de GPU et de logiciels associés. OpenAI deviendra un « partenaire de conception précoce », contribuant directement aux spécifications des prochaines architectures matérielles.
Cette approche collaborative permettra de mieux aligner les performances des puces sur les besoins concrets des modèles d’apprentissage profond : traitement parallèle, optimisation mémoire, latence inter-nœuds, et intégration avec les frameworks propriétaires d’OpenAI.
Innovation logicielle et intégration système
Parallèlement, AMD travaillera avec OpenAI à l’amélioration des bibliothèques logicielles qui pilotent les GPU, notamment au sein de son écosystème ROCm (Radeon Open Compute). L’objectif est de rendre les outils de calcul plus performants, plus flexibles et mieux adaptés aux algorithmes d’entraînement massif.
Les deux partenaires investiront également dans le développement de solutions de gestion à l’échelle des datacenters, capables d’orchestrer efficacement plusieurs millions de processeurs graphiques. Ce volet logiciel sera déterminant pour atteindre le rendement maximal de l’investissement matériel.
Un accord financier à plusieurs dimensions
Le partenariat comporte une composante financière structurée en paliers. OpenAI obtient une option d’achat de 160 millions d’actions AMD, soit environ 10 % du capital du fabricant, conditionnée à l’atteinte de jalons précis de déploiement et à des objectifs de performance boursière.
Cette approche lie directement la réussite du projet à la valorisation du groupe. Si les paliers techniques et financiers sont atteints, OpenAI pourrait devenir l’un des plus importants actionnaires d’AMD.
Cette architecture contractuelle vise à garantir un alignement durable des intérêts des deux parties : OpenAI bénéficie d’un partenaire stable, tandis qu’AMD voit sa croissance directement stimulée par le succès opérationnel du déploiement.
Une réponse à la demande explosive de calcul IA
Depuis 2022, la demande en capacité de calcul liée à l’IA a connu une croissance exponentielle. L’entraînement des modèles de grande taille nécessite désormais des milliers, voire des millions, de GPU opérant en parallèle.
Le coût énergétique et l’empreinte carbone de ces infrastructures deviennent également un enjeu majeur. Les nouvelles générations de puces AMD promettent une efficacité énergétique améliorée, réduisant la consommation d’électricité par opération d’apprentissage. Cette performance est cruciale pour contenir les coûts tout en répondant aux objectifs de durabilité affichés par les géants du numérique.
Le partenariat AMD-OpenAI s’inscrit ainsi dans une tendance plus large : la consolidation d’un écosystème mondial d’infrastructures de calcul massives, où la performance brute s’allie à l’efficacité énergétique et à la résilience logistique.
Enjeux géopolitiques et industriels
Une compétition mondiale pour l’IA souveraine
Ce contrat illustre la bataille géostratégique autour de la puissance de calcul. Les États-Unis, l’Union européenne et la Chine investissent massivement pour garantir leur autonomie technologique dans le domaine des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle.
En choisissant un fabricant américain comme partenaire principal, OpenAI consolide un maillage industriel national tout en soutenant la relocalisation des chaînes de production stratégiques.
Répercussions sur le secteur européen
En Europe, et notamment en France, cet accord pourrait avoir des retombées indirectes. Les acteurs du cloud, de la recherche et de l’industrie logicielle suivent de près l’évolution du marché des GPU. Une diversification de l’offre mondiale pourrait, à moyen terme, réduire les tensions d’approvisionnement et favoriser l’émergence de centres de calcul européens.
La France, déjà impliquée dans des projets de supercalculateurs et de cloud souverain, pourrait bénéficier d’un accès élargi à des technologies AMD plus matures et plus abordables.
Impacts financiers et perspectives pour AMD
L’accord devrait générer pour AMD des revenus supplémentaires considérables, estimés sur plusieurs années. Outre la fourniture de matériel, le contrat inclut des prestations de maintenance, de mise à jour logicielle et de support technique, renforçant la part récurrente du chiffre d’affaires.
Sur les marchés financiers, l’annonce a été accueillie avec enthousiasme. Les investisseurs y voient la confirmation qu’AMD est désormais un acteur incontournable de la révolution de l’intelligence artificielle. L’entreprise pourrait ainsi consolider sa valorisation et accélérer ses investissements dans la recherche et développement.
Cette dynamique place AMD dans une position de challenger crédible face à Nvidia, dont la domination semblait jusqu’ici difficile à menacer.
Risques et défis à venir
Malgré l’optimisme des deux parties, plusieurs défis majeurs demeurent. Le déploiement de 6 gigawatts de GPU exige une logistique colossale : conception de nouveaux centres de données, renforcement du réseau électrique, infrastructures de refroidissement liquide et optimisation des logiciels d’orchestration.
L’efficacité énergétique réelle des futures puces devra être au rendez-vous pour contenir la consommation globale. Par ailleurs, la volatilité des marchés des semi-conducteurs et les tensions géopolitiques pourraient perturber la chaîne d’approvisionnement.
Enfin, la complexité croissante des modèles d’IA pourrait rapidement dépasser les prévisions actuelles, forçant AMD et OpenAI à ajuster leurs plans ou à accélérer le développement de nouvelles générations de matériel.
Un symbole d’évolution pour l’industrie technologique
Ce partenariat incarne la transformation rapide du paysage technologique mondial. En moins de cinq ans, l’intelligence artificielle est passée d’un domaine de recherche à un pilier central de l’économie numérique.
Les acteurs capables de fournir la puissance de calcul nécessaire à cette révolution deviennent des partenaires stratégiques de premier plan. AMD, longtemps à la périphérie de ce marché, s’impose désormais comme un catalyseur clé de la prochaine vague d’innovation.
Pour OpenAI, l’accord représente une garantie de continuité et d’expansion : la possibilité de soutenir des modèles plus vastes, plus puissants et plus utiles à l’échelle planétaire.
Perspective et conclusion
À court terme, l’attention se portera sur la concrétisation du premier palier d’un gigawatt prévu pour 2026. Ce jalon servira de test à la fois technique et commercial pour évaluer la viabilité du partenariat.
À moyen terme, le succès du projet pourrait redéfinir la structure du marché mondial des GPU et ouvrir une nouvelle ère de compétition entre fabricants. Si AMD parvient à honorer les promesses de performance et de fiabilité de sa gamme Instinct, l’équilibre des forces dans le calcul IA pourrait se rééquilibrer au profit d’une concurrence plus ouverte.
Selon Sam Altman, ce partenariat marque « une étape majeure dans la construction de la capacité de calcul nécessaire pour réaliser le plein potentiel de l’intelligence artificielle ».
Dans un secteur où la puissance devient synonyme d’innovation, l’alliance entre AMD et OpenAI apparaît comme un jalon historique dans la course mondiale à l’intelligence artificielle.
