
Amazon licenciements : le géant américain du commerce en ligne prévoit de supprimer jusqu’à 30 000 postes dans ses divisions administratives et technologiques. Cette décision s’inscrit dans un plan de restructuration mondial sans précédent depuis la création de l’entreprise en 1994. Selon des sources internes confirmées par Reuters, The Guardian et Business Insider, les suppressions d’emplois s’étaleront sur plusieurs mois et toucheront principalement les fonctions corporate aux États-Unis, en Europe et en Asie.
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Amazon Prévoit Jusqu’à 30 000 Suppressions
| Fait clé | Détail / Statistique |
|---|---|
| Nombre d’emplois concernés | Jusqu’à 30 000 postes corporate |
| Pourcentage des effectifs visés | Environ 10 % des employés de bureau |
| Principales divisions touchées | Ressources humaines, AWS, Opérations, Devices & Services |
| Motifs invoqués | Rationalisation des coûts, sur-effectif post-pandémie, IA |
Une décision historique pour Amazon
L’entreprise compte aujourd’hui près de 1,5 million d’employés dans le monde, dont environ 350 000 dans ses fonctions corporate (bureaux, administration, ingénierie et support). Cette vague de licenciements, qui pourrait concerner près de 10 % de ce personnel, représente l’une des plus importantes réductions d’effectifs de son histoire.
Selon un mémo interne consulté par Reuters, Amazon envisage de notifier les employés dès le mois de novembre 2025, avec une première vague d’annonces avant la fin de l’année. Les responsables ont été instruits de préparer des plans de transition et des entretiens individuels avec les salariés concernés.
« Nous entrons dans une nouvelle phase où l’efficacité et l’innovation doivent primer sur la taille des effectifs », a déclaré Andy Jassy, directeur général d’Amazon, dans une communication interne adressée à ses équipes.
Les divisions les plus touchées
Ressources humaines et opérations
Les services de People Experience and Technology (PXT) — qui regroupent les fonctions RH et support — sont particulièrement ciblés. Ces départements avaient fortement recruté pendant la pandémie afin de soutenir la croissance explosive de l’entreprise.
Un cadre, sous couvert d’anonymat, explique :
« Beaucoup de postes créés entre 2020 et 2022 sont aujourd’hui redondants ou peuvent être automatisés. Le climat actuel exige une structure plus légère et plus agile. »
AWS et Devices
La division Amazon Web Services (AWS), pilier hautement rentable du groupe, sera aussi concernée par une réorganisation ciblée. L’objectif est de consolider certaines équipes techniques et de concentrer les investissements sur l’IA générative et les services stratégiques à forte valeur ajoutée.
La division Devices & Services, responsable de produits comme Alexa ou Kindle, fait également l’objet d’un examen approfondi. Bien qu’elle ait été un moteur d’innovation, elle génère depuis plusieurs années des marges faibles.

Pourquoi maintenant ? Trois facteurs structurants
1. Correction post-pandémie
Entre 2020 et 2022, Amazon a embauché à un rythme sans précédent pour répondre à la demande en ligne. Cette expansion rapide a créé des structures lourdes et coûteuses. Selon des analystes de Morningstar, l’entreprise « a dépassé la taille optimale de sa structure corporate », ce qui rendait inévitable une phase de contraction.
2. Pression sur les coûts
Malgré une croissance continue de son chiffre d’affaires, Amazon a vu sa marge opérationnelle diminuer dans plusieurs divisions. Les investisseurs réclament une rentabilité accrue. Ce plan de licenciements s’inscrit dans une stratégie globale visant à réduire les coûts fixes et à réallouer les capitaux vers des segments plus profitables.
3. Révolution technologique
L’essor de l’intelligence artificielle générative transforme la nature du travail dans les grandes entreprises. Amazon investit massivement dans des systèmes internes capables de remplacer certaines tâches administratives et d’optimiser la logistique.
« L’automatisation n’est plus seulement un levier d’efficacité, c’est une condition de survie concurrentielle », analyse Dr. Élodie Moreau, économiste au CNRS. « Ces suppressions de postes sont la conséquence directe de cette mutation structurelle. »

Un phénomène global dans le secteur technologique
Amazon n’est pas un cas isolé. Depuis début 2023, les grandes entreprises technologiques ont supprimé plus de 400 000 emplois dans le monde, selon les données de Layoffs.fyi et de la World Economic Forum (WEF).
- Meta a réduit ses effectifs de plus de 20 000 postes en 2023.
- Google et Microsoft ont réorganisé leurs divisions pour concentrer leurs investissements sur l’IA.
- De nombreuses start-ups ont également procédé à des coupes importantes pour préserver leur capital.
« Ce que fait Amazon s’inscrit dans une dynamique sectorielle plus large. Les entreprises cherchent à rester compétitives face à des cycles économiques plus volatils », explique Sarah Klein, analyste principale chez Gartner.
Des répercussions internationales
Bien que la majorité des suppressions ait lieu aux États-Unis, Amazon prévoit également des réductions dans ses bureaux en Irlande, en Allemagne, en Inde et au Japon. En Europe, les syndicats ont rapidement réagi.
UNI Global Union, une fédération internationale des syndicats de services, a appelé Amazon à « assurer la transparence et le respect des lois locales ». En Allemagne, le syndicat Ver.di demande une consultation officielle et des garanties sur les indemnités.
« Une entreprise de cette taille a une responsabilité sociale majeure. Elle doit assumer les conséquences humaines de ses choix stratégiques », a déclaré Christy Hoffman, secrétaire générale de UNI Global Union.
Impacts sur les employés et les communautés locales
Les licenciements corporate, contrairement aux coupes dans les entrepôts logistiques, concernent des employés souvent hautement qualifiés, travaillant dans des bureaux situés dans des grandes métropoles comme Seattle, New York, Berlin ou Dublin.
Selon une étude de l’Université de Washington, ces suppressions peuvent entraîner des effets multiplicateurs négatifs : chaque emploi corporate perdu dans la tech entraîne une réduction indirecte de 0,8 emploi dans les services locaux (restauration, transports, commerce…).
Des associations d’anciens employés d’Amazon se sont déjà organisées pour proposer un accompagnement professionnel et psychologique. Des cabinets de recrutement spécialisés dans la tech signalent une augmentation soudaine de candidats qualifiés sur le marché.
Réaction des marchés et des investisseurs
L’annonce de la restructuration a entraîné une hausse de 3,4 % de l’action Amazon à la bourse de New York. Les investisseurs perçoivent ces licenciements comme un signal positif sur la discipline financière de l’entreprise.
« Amazon envoie un message clair : priorité à la rentabilité », déclare James Fulton, analyste chez Morgan Stanley. « Cela pourrait améliorer les marges dès 2026, même si le coût social est élevé. »
Pour les marchés, cette décision conforte la stratégie d’Amazon de repositionner ses investissements sur AWS, l’intelligence artificielle, et la robotique.
Implications politiques et sociales
Aux États-Unis, cette vague de licenciements intervient dans un contexte de débat national sur l’impact de l’IA sur l’emploi. Des élus démocrates ont demandé à Amazon de « justifier publiquement » ses choix stratégiques. Le Département du Travail a annoncé suivre « de près » les conséquences sociales de cette restructuration.
En Europe, la Commission européenne surveille également de telles opérations, notamment au regard des obligations de consultation sociale.
« L’adoption rapide de technologies disruptives exige un accompagnement social fort », rappelle Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne.
Une stratégie tournée vers l’avenir
Parallèlement aux licenciements, Amazon investit massivement dans des technologies qui pourraient remodeler son modèle économique :
- Projets d’IA générative internes pour automatiser la gestion des stocks et les relations clients.
- Développement de centres logistiques hautement robotisés pour réduire les coûts opérationnels.
- Expansion des offres AWS dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la finance.
- Collaboration avec des gouvernements pour moderniser les infrastructures numériques.
« Nous devons rester à l’avant-garde de l’innovation. Cela implique de faire des choix difficiles aujourd’hui pour garantir notre compétitivité demain », a insisté Andy Jassy dans sa communication interne.

Débats et perspectives à long terme
Les experts restent divisés sur l’impact de ces licenciements.
- Certains y voient une manœuvre financière rationnelle, nécessaire pour garantir la pérennité d’Amazon dans un contexte économique incertain.
- D’autres estiment qu’une telle réduction d’effectifs pourrait affecter la culture d’entreprise et ralentir l’innovation.
Selon une enquête de Harvard Business Review, les entreprises qui réduisent fortement leurs effectifs corporate sans plan clair de réinvestissement dans les compétences risquent de perdre en agilité stratégique.
« La technologie permet de faire plus avec moins. Mais si elle remplace trop vite les humains, on risque de fragiliser l’organisation », avertit Dr. Nathan Zhou, professeur de stratégie à Stanford.
Prochaines étapes
La première vague de notifications aura lieu en novembre 2025, suivie d’un déploiement progressif sur 6 à 8 mois. Amazon prévoit des indemnités de départ variables selon la région et la durée de service.
Dans les pays de l’Union européenne, le processus pourrait être plus long en raison des réglementations sociales. Les négociations avec les comités d’entreprise devraient débuter dès décembre.

















