Le groupe britannique Morrisons, quatrième chaîne de supermarchés du Royaume-Uni, a annoncé la fermeture de 103 points de vente, cafés, pharmacies et autres services internes, dont plusieurs situés à Merseyside. Cette décision s’inscrit dans une vaste restructuration nationale visant à réduire les coûts et à adapter le modèle économique du distributeur aux nouvelles réalités du marché.
La fermeture des 103 établissements de Morrisons, dont plusieurs à Merseyside, représente un tournant majeur pour le distributeur et pour le paysage de la grande distribution britannique. Cette décision révèle les défis structurels auxquels le secteur est confronté : inflation persistante, transformation numérique, et changement des comportements d’achat.
Si la démarche vise à assurer la pérennité du groupe, elle soulève de réelles inquiétudes sociales et économiques. L’avenir de Morrisons dépendra de sa capacité à transformer cette crise en opportunité et à prouver que la modernisation peut aller de pair avec responsabilité et engagement local.
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Une décision lourde de conséquences
L’annonce, confirmée par la direction du groupe, a provoqué une onde de choc parmi les employés et les clients. À Merseyside, région industrielle du nord-ouest de l’Angleterre, plusieurs magasins et unités internes – notamment des cafés et des espaces spécialisés – figurent sur la liste des fermetures.
La décision concerne différents types d’activités :
- une cinquantaine de cafés intégrés,
- une dizaine de fleuristes et pharmacies internes,
- plusieurs comptoirs de boucherie, poissonnerie et traiteur,
- ainsi qu’une série de petits magasins Morrisons Daily.
L’ensemble représente une part significative du réseau de services que l’enseigne proposait jusqu’ici dans ses supermarchés. Pour les habitants, cette fermeture progressive signifie la disparition de lieux de vie et de travail bien implantés dans le tissu local.
Pourquoi Morrisons ferme-t-il autant de sites ?
Pressions économiques et environnement concurrentiel
Le directeur général de Morrisons, Rami Baitiéh, a expliqué que la décision résultait d’une accumulation de pressions économiques. Depuis la pandémie et la crise du coût de la vie, les chaînes de distribution britanniques font face à une hausse des coûts salariaux, de l’énergie et des taxes sur les entreprises.
Les marges des supermarchés, historiquement faibles, ont été encore réduites par la montée du salaire minimum, les contributions à la National Insurance et la flambée des prix de l’électricité et du gaz. Pour un groupe comme Morrisons, ces charges supplémentaires se traduisent par des centaines de millions de livres de dépenses additionnelles chaque année.
À cela s’ajoute une concurrence féroce menée par les enseignes à bas prix telles que Aldi et Lidl, qui ont capté une part croissante du marché. Pour rester compétitif, Morrisons doit proposer des prix plus bas, ce qui pèse encore davantage sur ses marges.
Mutation des comportements d’achat
Les habitudes des consommateurs britanniques ont profondément changé ces dernières années. Le développement du commerce en ligne, la montée des livraisons rapides et l’essor des formats discount ont modifié la fréquentation des supermarchés traditionnels.
Les cafés intégrés et comptoirs spécialisés autrefois populaires ne génèrent plus la même activité. Les clients recherchent aujourd’hui davantage de rapidité, de simplicité et de prix bas. Cette évolution a conduit la direction à juger certains de ces espaces comme économiquement non viables.
Selon la stratégie annoncée, le groupe entend concentrer ses efforts sur les segments « les plus appréciés des clients » : les grandes surfaces bien situées, les offres alimentaires essentielles et les programmes de fidélité numériques.
Une restructuration stratégique
Recentrage sur les activités à fort potentiel
Morrisons vise à moderniser son modèle économique et à recentrer ses investissements sur les zones et formats jugés rentables. Cela signifie une concentration sur les supermarchés principaux, les drives, et l’amélioration des prix et de l’expérience client.
Le groupe souhaite également renforcer ses partenariats avec d’autres enseignes, notamment dans le commerce de proximité et les livraisons à domicile. Des investissements sont annoncés dans la technologie, la logistique et les systèmes numériques, considérés comme essentiels pour affronter la concurrence.
Une approche progressive mais déterminée
Les fermetures ne se feront pas du jour au lendemain. Le plan prévoit une mise en œuvre progressive sur plusieurs mois, avec des consultations locales pour chaque site concerné. Les salariés recevront des propositions de reclassement ou d’accompagnement dans la recherche d’emploi.
Morrisons assure vouloir préserver autant de postes que possible, mais la direction reconnaît que des suppressions d’emplois seront inévitables. Lors d’une précédente réorganisation, environ 365 postes avaient déjà été supprimés. Cette nouvelle vague pourrait affecter plusieurs centaines de personnes supplémentaires.
Merseyside, un symbole de la transition
Un territoire économiquement fragile
La fermeture de plusieurs magasins à Merseyside illustre les difficultés des régions industrielles britanniques. Ces zones, marquées par une densité de population moyenne et une concurrence accrue, subissent de plein fouet les effets des mutations du commerce.
Pour les habitants, la perte d’un supermarché ou d’un service interne représente bien plus qu’une simple fermeture de magasin : c’est souvent la disparition d’un employeur majeur, d’un point de repère communautaire et d’un accès direct aux produits de première nécessité.
À Kirkby, par exemple, la fermeture annoncée d’un café « Market Kitchen » suscite inquiétude et incompréhension. Les clients réguliers y voyaient un lieu social et pratique. Désormais, ils devront se tourner vers des sites plus éloignés ou des alternatives en ligne.
Un impact local à long terme
Au-delà de l’effet immédiat sur l’emploi, ces fermetures risquent de fragiliser les centres commerciaux secondaires et les zones périurbaines déjà en difficulté. Les petites villes, où Morrisons était souvent l’un des rares acteurs présents, verront leur attractivité diminuer.
Les autorités locales de Merseyside pourraient être contraintes de repenser leurs politiques de revitalisation commerciale, tandis que les associations de consommateurs réclament davantage de transparence sur les critères de sélection des magasins fermés.
Les réactions et le ressenti
Les clients entre compréhension et déception
Chez les consommateurs, la réaction est mitigée. Certains comprennent la nécessité pour Morrisons d’adapter sa structure à la réalité économique, tandis que d’autres dénoncent une perte de services de proximité.
De nombreux clients soulignent que la fermeture des cafés et pharmacies internes rend l’expérience d’achat moins conviviale et pratique. Ces espaces constituaient pour certains des lieux de rencontre et de pause sociale, notamment pour les personnes âgées.
Malgré les fermetures, Morrisons maintiendra certains avantages familiaux, comme le programme « Kids Eat Free » dans les cafés conservés, signe d’une volonté de préserver quelques services différenciants.
Les salariés dans l’incertitude
Les employés, eux, font face à une période d’anxiété. Les syndicats réclament un dialogue social renforcé et des garanties de reclassement. Morrisons s’est engagé à « accompagner chaque collaborateur » touché par la restructuration, notamment par des formations internes ou des offres de mobilité.
Néanmoins, les travailleurs redoutent une érosion progressive des effectifs et des conditions de travail plus précaires. Certains expriment le sentiment que la direction privilégie les économies à court terme au détriment de la fidélité du personnel et de la proximité client.
Une tendance sectorielle
Une restructuration emblématique du commerce britannique
La situation de Morrisons n’est pas isolée. D’autres géants du commerce britannique, comme Tesco, Sainsbury’s ou Asda, ont eux aussi engagé des restructurations similaires. Tous font face à la même équation : comment maintenir la rentabilité tout en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.
Le marché britannique de la distribution alimentaire est aujourd’hui l’un des plus compétitifs d’Europe. L’essor du discount, la montée du commerce en ligne et la pression sur les salaires ont créé un environnement où seule la réactivité stratégique permet de survivre.
Le rôle de l’innovation
Pour compenser ces fermetures, Morrisons prévoit d’investir davantage dans la digitalisation : livraison express, caisse automatique, amélioration de la chaîne logistique, et optimisation des stocks. L’objectif est de réduire les coûts opérationnels tout en améliorant la disponibilité des produits.
Cette orientation pourrait repositionner Morrisons sur un modèle plus moderne et résilient, centré sur la performance plutôt que sur la densité du réseau.
Une crise révélatrice des mutations du commerce
Le modèle du supermarché en question
La fermeture de 103 unités illustre une réalité plus large : le modèle du supermarché traditionnel est en pleine transformation. Les grandes surfaces généralistes perdent de leur attrait face aux chaînes discount, aux commerces de proximité spécialisés et aux plateformes numériques.
Morrisons n’est pas seulement confronté à des difficultés conjoncturelles, mais à une révolution structurelle du secteur. Les enseignes doivent redéfinir leur rôle dans un monde où les consommateurs privilégient la flexibilité, le prix et la rapidité.
Les conséquences sociales
Si ces choix sont économiquement rationnels, ils posent des questions sociales majeures : comment concilier compétitivité et responsabilité ? Comment préserver les emplois, les liens sociaux et les services de proximité dans les régions moins favorisées ?
À Merseyside, la fermeture de magasins Morrisons sera vécue comme une perte supplémentaire dans une région déjà fragilisée par la désindustrialisation. Les effets indirects – sur les petits commerces voisins, les transports et l’emploi local – risquent d’être durables.
Une direction tournée vers l’avenir
Rami Baitiéh a affirmé que ces décisions s’inscrivaient dans une volonté de renouveler et réénergiser Morrisons, pour le rendre plus agile et plus compétitif à long terme. L’objectif est de concentrer les ressources sur les zones à fort potentiel et sur les besoins essentiels des clients.
Il a déclaré que cette restructuration « n’est pas une réduction, mais une réorientation ». Le dirigeant espère qu’en rationalisant le réseau, Morrisons pourra investir davantage dans la qualité, la durabilité et la satisfaction client.
Les prochains mois seront déterminants. La manière dont le groupe gérera la transition humaine et locale conditionnera sa réputation et sa capacité à regagner la confiance du public.
Ce qu’il faut surveiller
- La liste complète des sites concernés, notamment dans le nord de l’Angleterre.
- Le calendrier de fermeture et les mesures sociales prévues.
- L’impact sur la fréquentation des supermarchés voisins et sur l’emploi local.
- Les réactions des consommateurs et l’évolution de la part de marché de Morrisons.
- Les stratégies des concurrents face à cette réorganisation.
