PORT-AU-PRINCE, septembre 2025 — Le secteur du textile et de la manufacture en Haïti représente l’un des principaux piliers économiques du pays, employant plus de 50 000 personnes, selon l’Association des industries d’Haïti (ADIH). Pour les investisseurs étrangers, il combine avantages comparatifs liés à la main-d’œuvre et accords commerciaux préférentiels, mais il reste confronté à une instabilité politique et sociale persistante.
Un pilier économique en quête de stabilité
Haïti est l’un des premiers exportateurs de vêtements vers les États-Unis dans la région caraïbe, grâce notamment à l’accord HOPE/HELP, qui permet l’entrée de produits textiles haïtiens sans droits de douane. Les usines de Port-au-Prince et de la zone franche de Caracol alimentent des marques internationales de sport et de mode rapide.
Cependant, l’environnement opérationnel reste complexe. Selon la Banque mondiale, les coupures d’électricité, la faiblesse des infrastructures logistiques et l’insécurité urbaine freinent la compétitivité.

Malgré ses vulnérabilités, l’industrie du textile et de la manufacture en Haïti demeure une opportunité stratégique pour les investisseurs recherchant des avantages tarifaires et un accès rapide au marché américain. Mais la concrétisation de ce potentiel repose sur la capacité du pays à renforcer sa stabilité politique et à améliorer ses infrastructures. Comme l’a résumé un économiste régional : « Haïti possède les leviers pour devenir un acteur compétitif, mais il doit d’abord consolider les bases de son environnement des affaires.
Facteurs d’attractivité pour l’investisseur
Main-d’œuvre compétitive
Le coût horaire de la main-d’œuvre est parmi les plus bas de la région, ce qui attire des fabricants à forte intensité de travail. Un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) souligne également l’existence de programmes de formation professionnelle visant à améliorer la productivité.
Accès préférentiel aux marchés américains
Les accords commerciaux HOPE II et HELP offrent aux exportateurs haïtiens une exonération des droits de douane jusqu’en 2035, ce qui constitue un avantage stratégique par rapport à d’autres pays producteurs.
Position géographique
Située à proximité des États-Unis, Haïti permet un transport maritime rapide, un atout pour les marques qui cherchent à réduire leurs délais d’approvisionnement.
Défis structurels et politiques
Instabilité et risques sécuritaires
Les fermetures temporaires d’usines lors des troubles sociaux de 2019 et 2022 ont rappelé la fragilité du secteur. Plusieurs entreprises internationales ont signalé des pertes importantes dues aux blocages portuaires et aux difficultés d’acheminement.
Infrastructures insuffisantes
Le réseau électrique dépend encore largement de générateurs privés. Les zones franches industrielles sont relativement sécurisées, mais les coûts logistiques restent élevés, limitant la compétitivité face à des concurrents comme le Honduras ou le Nicaragua.
Conditions sociales
Bien que l’industrie textile offre l’un des rares débouchés pour les jeunes travailleurs, les syndicats dénoncent régulièrement des salaires trop faibles. En 2023, une série de grèves a mis en lumière les tensions autour des conditions de travail et de rémunération.
Perspectives et options stratégiques
Les experts estiment que le secteur peut croître si des investissements sont réalisés dans les infrastructures et la formation. Selon Georges Sassine, président de l’ADIH, « l’avenir de l’industrie haïtienne dépendra de la capacité à maintenir la stabilité politique et à moderniser nos outils de production ».
Des initiatives soutenues par la Banque interaméricaine de développement (BID) visent à renforcer les zones franches et à diversifier la production au-delà du textile, vers l’assemblage électronique et la maroquinerie.